Le suivi de chaleurs chez la chienne
Les chiennes deviennent pubères, en moyenne à partir de 6-7 mois dans les petites races, et jusqu’à un an dans les grandes races.
Les cycles sexuels de la chienne sont en moyenne de 2 par an, chaque cycle étant divisé en quatre périodes.
1) l’anœstrus. C’est une phase de repos ovarien, les hormones sexuelles sont à leur plus bas niveau. Il dure de quatre à neuf mois, selon les races.
2) Le pro-œstrus. Son début marque les premiers signes de chaleurs: gonflement de la vulve, pertes de sang, discrètes puis plus abondantes. Les mâles sont attirés mais la femelle les refuse. Le pro-œstrus dure de 3 à 27 jours avec une durée moyenne de neuf jours.
3) L’œstrus. C’est la période pendant laquelle la chienne accepte la saillie. Période d’ovulation, et donc période fertile. Durée moyenne inférieure à neuf jours.
4) Le métœstrus. C’est la fin de la période fertile, elle dure de 65 à 70 jours et correspond à la montée de la progestérone, qu’il y ait gestation ou non.
Les signes cliniques (ou extérieurs) montrés par la chienne sont trop peu fiables et trop aléatoires pour cibler précisément le moment optimal pour une saillie, à fortiori pour une insémination. L’acceptation du mâle par la chienne ne correspond pas toujours à la période d’ovulation et de fertilité optimale.
De plus, deux tiers des chiennes ovulent vers le dixième jour des chaleurs, ce qui veut dire qu’un tiers est plus précoce ou plus tardif.
C’est pourquoi, quand on veut limiter le nombre de saillies (coût des saillies avec un reproducteur de haute valeur) ou quand on veut connaître avec une bonne précision la date de mise bas, quand on veut obtenir une portée suffisamment nombreuse, il est fondamental de faire réaliser un suivi rigoureux des chaleurs.
En pratique vétérinaire, nous disposons de deux moyens complémentaires efficaces pour ce faire: les frottis vaginaux et le dosage de l’hormone progestérone.
Un suivi échographique des ovaires pendant chez les chaleurs peut aussi être réalisé, il est très performant, mais nécessite un échographe et des sondes échographiques de haute performance (coût très élevé et donc peu accessible en pratique courante, souvent « réservé » aux Ecoles vétérinaires ou grandes cliniques spécialisées)
Concrètement, il convient de repérer les premiers signes de chaleurs de la chienne (gonflement de la vulve, premiers saignements) et de faire réaliser un frottis vaginal dès le 4 à 5e jour après ces premiers signes.
Les frottis seront répétés tous les 2 à 3 jours selon l’évolution du pro-œstrus. Puis, à l’approche des signes d’œstrus sur le frottis, des dosages de progestérone permettront de cibler précisément le moment de l’ovulation, et donc le moment optimal de saillie ou insémination.
La durée de la gestation chez la chienne est stable, elle est facile à calculer lorsque l’on connait la date d’ovulation: 63 +/- 1 jour. On peut dès lors prévoir une date de mise bas, planifier une éventuelle surveillance de la fin de gestation et, au besoin, une césarienne dans les races à risque (races brachycéphales entre autres – bouledogues …)
Les bénéfices d’un bon suivi de chaleurs sont nombreux:
Pour l’éleveur, cela permet d’obtenir des portées avec un nombre optimal de chiots, et prévoir l’accompagnement de la mise bas pour des chiennes à risque.
Pour un particulier, de rentabiliser le coût d’une saillie, et aussi assurer une mise bas dans de bonnes conditions.
Pour le vétérinaire et son équipe, la satisfaction d’apporter un réel plus pour obtenir de belles portées, et éventuellement le confort et la sécurité de dates de mise bas fiables, la « programmation » d’une éventuelle césarienne dans des conditions optimales (en journée, avec une équipe disponible pour l’aide opératoire et la réanimation des chiots. Conditions plus difficiles à réunir lors d’intervention d’urgence, parfois de nuit ou lors d’un week-end.)
Le coût d’un tel suivi de chaleur est largement amorti par les bénéfices apportés, financiers et en sécurité, confort.
PS: on ne programme pas les césariennes chez une chienne aussi fréquemment que dans notre espèce. Les chiennes dans leur grande majorité ont des mises bas naturelles sans problème et s’occupent très vite de leurs chiots. Le vétérinaire « programme » une césarienne uniquement dans des conditions particulières (race à risque, chienne connue pour mettre bas très difficilement …). C’est à lui, et lui seul, de proposer de « programmer » la césarienne.
Dr Jean-Yves Nourdin